1979-2021 : l'apport des Chantiers du Cardinal
Lorsqu’en 1976, les chrétiens de Fontenay-sous-Bois (Diocèse de Créteil) veulent bâtir un lieu pour se rassembler, ils font appel, déjà, aux Chantiers du Cardinal. Depuis une dizaine d’années, leur ville est en grande mutation avec la création d’une ZUP : zone à urbaniser en priorité. Un plan d’urbanisation massive envisageait la construction de 12 000 logements, l’arrivée de l’autoroute et du RER au pied des tours d’immeubles. Le changement de couleur politique à la mairie fait revoir le plan à la baisse, on construit un peu moins de logements, on prévoit en revanche une zone pavillonnaire, des quartiers économiques et les axes de circulation sont mieux implantés. Comme ailleurs en Île-de-France, les diocèses se préoccupent de la présence catholique là où la ville nouvelle surgit. Des relais paroissiaux s’ouvrent dans les nouveaux quartiers.
Inauguration de l’église Saint-Jean-XXIII de Fontenay-sous-Bois en octobre 1979 (Archive CDC)
Les locaux paroissiaux installés au pied d’une tour sont devenus trop petits pour accueillir les fidèles. Au début des années 1970, il faut chercher un terrain pour implanter un nouveau lieu d’Église. On parle alors de « relais Saint-Jean-XXIII » plutôt que d’église, car le bâtiment a une vocation d’ouverture à tous. Vue comme une maison familiale, où il fera bon se rassembler pour prier mais aussi chanter, se raconter des histoires… une vraie maison, à tel point qu’une cheminée est installée dans le narthex. L’architecte René Maison doit quand même fournir six documents officiels et attendre une année entière pour obtenir l’autorisation d’installer cet équipement, plutôt inédit dans un édifice religieux. La cheminée, mais plus généralement l’architecture du bâtiment montrent bien la volonté d’accueil de cette paroisse. «En arrivant ici, il y a 33 ans, on s’est senti tout de suite bien», raconte Viviane Lechat, vice-présidente de l’équipe d’animation pastorale. «Bien sur, Saint-Jean-XXIII ne ressemble pas à une église plus classique, mais par exemple dans la grande nef il n’y a pas de piliers, on est donc assuré de bien voir lors des célébrations», précise-t-elle. Une centaine de personnes peut se rassembler pour les messes, jusqu’à 150 pour les grandes célébrations grâce à un espace supplémentaire – la petite nef – ouvrant par une cloison mobile.
Conçue sur deux niveaux (rez-de-chaussée et niveau inférieur) l’église s’articule autour d’une nef, d’un oratoire placé au centre, et de salles/bureaux, tous portant le nom d’une personnalité inspirante: Madeleine Delbrêl, Martin Luther King et Marcel Callo. A cela s’ajoute donc le narthex et sa cheminée. Au niveau inférieur, l’architecte a fait réaliser deux appartements et des parkings. « À l’époque, le prêtre habitait ici ainsi qu’une famille chargée d’animer la paroisse, raconte Viviane Lechat. Aujourd’hui, le curé de la paroisse habite au centre pastoral avec d’autres prêtres. Les logements sont loués.»
Pour cette église en apparence simple, l’architecte a en réalité veillé au moindre détail. Les décors intérieurs comme extérieurs sont particulièrement soignés. «Sur le mur de l’entrée, les 12 carrés de briques représentent les 12 tribus d’Israël, signale Viviane Lechat. On retrouve aussi ce symbolisme dans la nef, avec 12 croix sur les dalles…» L’agencement des briques dans le chœur, la place des vitraux mais aussi l’installation des luminaires ont été étudiés pour porter les fidèles lors de leur prière : ils passent ainsi des ténèbres à la lumières.
Vue comme une maison familiale, la maison d’Eglise Saint-Jean-XXIII est dotée d’une cheminée ! (Archive CDC)