Voir le ciel partout dans l'église

– Pourquoi l’église Saint-Paul est-elle tant liée à l’histoire de la base aérienne de Brétigny-sur-Orge ?

– La ville est considérée comme le berceau de l’aviation civile, avec de grands aviateurs du début du XX^e siècle comme Maryse Bastié ou encore Clément Ader. Le terrain d’aviation [aussi appelé Base 217, ndlr] a fonctionné jusqu’au début des années 2000. En 1966, quand le diocèse d’Évry-Corbeil-Essonnes a acheté le terrain dans ce nouveau quartier de la ville pour construire une nouvelle paroisse et une église, le prêtre et son conseil ont décidé de faire des allusions à l’aviation.

Messe en l’église Saint-Paul de Brétigny-sur-Orge. Vue avant travaux de rénovation. (Crédit paroisse )

– Comment voir ces détails ?

– Nous essayons de faire tourner les gens vers le ciel, vers le Ciel ! Dans cette église, il y a des petits clins d’œil partout. D’abord, quel que soit l’endroit où vous êtes assis dans l’église, vous voyez le ciel, il suffit de lever les yeux. Ensuite, la porte du tabernacle est ronde et on voit les pales d’un réacteur d’avion. Le réacteur c’est ce qui pousse le moteur de l’avion. La porte du tabernacle nous fait pousser vers le Ciel ! Enfin, la toiture n’est pas plate mais a une forme incurvée, elle suit la courbe d’envol d’un avion. Ces anecdotes architecturales montrent qu’on est à la fois héritiers de ce berceau de l’aviation avec les premiers vols civils, près de l’aéroport d’Orly, mais aussi ce souci de bâtir une église contemporaine dans l’ère du temps. Car en 1966, c’était le début du diocèse d’Évry. Le diocèse de Versailles venait tout juste d’être divisé en trois. L’église Saint-Paul est la première estampillée diocèse d’Évry, même si les plans étaient bien avancés quand il s’agissait encore du diocèse de Versailles.

La porte du tabernacle de l’église Saint-Paul de Brétigny, en forme de réacteur d’avion. (Crédit paroisse)

– Cette église marque aussi son époque ?

– Oui, c’était l’idée : s’inscrire dans ce nouveau quartier qui se construisait complètement, à proximité de la nouvelle gare, du nouveau centre ville. Il y avait l’idée de prendre en compte la réalité des gens qui venaient s’installer à Brétigny-sur-Orge dans les années 1960. Aujourd’hui, un nouveau quartier s’élève de l’autre côté de la voie ferrée, le quartier du Clause Bois-Badeau, sur le secteur des anciennes graineteries Lucien Clause. L’église est à cinq minutes à pied. Ce quartier, d’à peine dix ans, accueille de nouveaux habitants. Le département de l’Essonne est très dynamique, la population change très régulièrement. Il y a donc un renouvellement de la population et la paroisse attend avec impatience la réouverture de l’église. C’est une église où tous les dimanches il n’y a pas presque pas une seule place assise !  Déjà, samedi dernier [le 5 mars 2022], Mgr Michel Pansard a célébré l’appel décisif pour tous les adolescents pour tout le diocèse, une belle célébration.

[LIRE] Interview de Mgr Pansard, évêque d’Évry-Corbeil-Essonnes

La toiture de l’église rappelle la courbe d’envol d’un avion. Vue avant travaux de rénovation (Crédit paroisse)

Une église inscrite dans le patrimoine visuel de la ville

– L’église était fermée depuis cet été, les travaux étaient nécessaires…

–La rénovation et en particulier la mise aux normes environnementales sont un atout, elle avait vraiment besoin d’un coup de lifting. On risquait de la fermer. Il y avait des travaux à faire concernant de l’amiante et la sécurité des baies vitrées. L’établissement catholique Jeanne-d’Arc, situé sur la même parcelle, a également entrepris des travaux de rénovation, voire de reconstruction, pour les locaux du primaire, du collège et du lycée. On entre maintenant dans un nouveau complexe immobilier qui est dans l’ère du temps.

[VOIR] Le projet de rénovation de l’église

– Vous avez été curé de cette paroisse, vous connaissez-bien cette église, comment la voyez-vous?

– Je trouve qu’il y a un art de célébrer, donnant une proximité entre le prêtre et l’assemblée des fidèles, c’est très appréciable. Il y a une acoustique particulière, beaucoup de lumière, il n’y a pas de piliers… Le prêtre qui préside se sent vraiment en communion avec l’ensemble de l’assemblée. J’y ai vécu beaucoup de célébrations très fortes : des étapes de la vie chrétienne avec les familles (baptêmes, obsèques, vigies pascales…) Il y a une belle communion. C’est une église qui est singulière par son architecture. Une église moderne aussi, avec les outils d’aujourd’hui, il y a la fibre par exemple. Nous avons été les premiers dans le diocèse à renoncer à la feuille de chants pour éviter le gaspillage de papier et d’encre. Nous avons projeté les chants sur un écran, les animateurs en liturgie ont suivi une formation… Enfin, aujourd’hui, cette église est vraiment inscrite dans le patrimoine visuel local, la nouvelle route qui passe devant met l’édifice encore plus au cœur de la ville.