Évacuer l'eau du ciel
Rendre les toits des églises étanches, c’est l’un des défis du diocèse de Pontoise. Propriétaire de nombreux édifices religieux bâtis bien après 1905, le diocèse doit en assurer l’entretien. Or « Pontoise est l’un des diocèses d’Île-de-France avec un budget sans doute le plus contraint » souligne Hervé Roche, économe depuis 2020. « Nous réfléchissons donc à bien prioriser les chantiers en fonction de l’urgence des travaux, tout en menant également une campagne de prévention sur l’ensemble des bâtiments (églises, presbytères, locaux paroissiaux…). » À Gonesse, il était temps d’intervenir sur la toiture pour éviter une dégradation plus importante encore et une facture bien plus lourde. « Plus on traite un problème tôt, moins cela va coûter. » analyse encore Hervé Roche qui garde en tête les autres chantiers – et budgets- à engager pour des travaux importants dans le diocèse.
[VOIR] Une nouvelle toiture pour l’église Sainte-Marie-des-Peuples à Cergy
Mais l’allure de cette église, sa conception et la forme du toit n’ont pas rendu la tâche facile. Avant de faire monter les étancheurs [ouvriers chargés de poser la nouvelle membrane] sur le toit, la paroisse et le diocèse de Pontoise ont dû se livrer à des analyses poussées pour comprendre les failles et trouver la meilleure solution technique. « À l’origine, sur cette toiture, il n’y avait pas de pare-vapeur, explique Olivier Bardonnet, responsable du pôle immobilier du diocèse. Le pare-vapeur, c’est le film plastique posé sous la toiture et qui retient la condensation. Cette eau ne parvenait pas à s’écouler par le conduit d’origine, provoquant des fuites. » En cas de fortes précipitations, le toit en forme d’entonnoir retenait aussi une partie de l’eau qui ne parvient pas à s’évacuer par le seul conduit installé dans les années 1960. « Il faut deux autres évacuations, d’un diamètre plus petit, qui renverront les eaux pluviales vers le réseau. »
Sur le toit de l’église. À droite : la nouvelle membrane étanche. À gauche en bas et en vert, les plaques de cuivre d’origine. (CDC)
Après plusieurs semaines d’études, les travaux ont commencé à l’automne 2022, il faut parfois composer avec la météo. Mohamed Terbeche reste philosophe. « Quand il faut beau, on enlève les travées et on refait tout dans la journée, explique le conducteur de travaux. Quand il fait moins beau, on ôte les plaques de cuivre mais on ne pose pas l’isolant pour éviter qu’il soit mouillé. On met une bâche et on attend. Le mauvais temps ne dure jamais plus de deux jours…» Perché à plusieurs dizaines de mètres de hauteur avec son équipe d’ouvriers, le chef de chantier a le temps de regarder la toiture avec attention. « D’habitude, le travail réalisé par des étancheurs ne se voit pas alors même que les gars travaillent très, très dur ! Mais ici, le toit n’est pas plat, ils peuvent être fiers de ce qu’ils font, c’est parlant. On peut même la prendre en photo cette toiture. »
Le chantier est réalisé en quelques mois : les ouvriers ôtent les anciennes couvertures et posent la membrane dans la journée quand le temps est sec. (CDC)