L’église Notre-Dame des Missions d’Épinay-sur-Seine présente des signes inquiétants, constatés d’abord par le curé et les fidèles. En effet, son entrée constituée de quatre piles de briques enduites au ciment et peintes est gravement fissurée et les désordres, déjà repérés en 2013, se sont aggravés notablement depuis 2020. A un tel point que le culte a dû y être suspendu le 7 octobre 2023.

Peut-on laisser les choses en l’état ?
Évidemment, non et les Chantiers du Cardinal sont très préoccupés. Tout d’abord, en raison de l’histoire de ce lieu exceptionnel : l’installation de l’église à cet endroit a été décidée par le Cardinal Jean Verdier, le fondateur des Chantiers éponymes. Ensuite, parce que le bâtiment est exceptionnel. Classée monument historique par arrêté du 14 juin 1994, Notre-Dame-des-Missions est considérée comme un chef-d’œuvre de l’art sacré du début du XXe siècle.  Ajoutons que c’est un lieu consacré, un lieu de prière et de foi pour la communauté paroissiale et enfin, que les coûts de consolidation et de restauration s’annoncent déjà très élevés. Un coup dur pour le diocèse de Saint-Denis en France dont les moyens sont limités. Une raison de plus pour les Chantiers du Cardinal d’être présents.

Une église au CV extraordinaire

Dessiné à l’origine par l’architecte Paul Tournon (1881-1964), il s’agissait donc du pavillon des Missions catholiques d’Outre-mer bâti pour l’Exposition coloniale internationale de Vincennes en 1931. L’événement international achevé, au lieu d’être simplement démonté, comme beaucoup d’autres édifices, il a été remonté en tant que chapelle à Epinay-sur-Seine, à la demande du Cardinal Jean Verdier. En effet, les habitants de cette zone avaient besoin d’un lieu de culte. Ainsi, en 1932, l’église a été édifiée, le béton armé a remplacé le bois du pavillon et la brique a été retenue pour le narthex. La dédicace et la bénédiction ont eu lieu en 1933 par le Cardinal Jean Verdier, fondateur des Chantiers du Cardinal.

Une qualité architecturale indéniable

L’entrée, particulièrement originale, rappelle les pagodes chinoises, devant une façade Art Déco en grès émaillé comportant des textes écrits en chinois, alors que le clocher ressemble de son côté à une sorte de minaret tout en évoquant par ses sculptures les Indiens d’Amérique du Nord, évoquant l’universalisme de l’Église.
L’intérieur est saisissant. Restauré il y a une dizaine d’années, il comporte des fresques sur des toiles marouflées, évoquant l’évangélisation de la Cochinchine, ou d’autres régions du monde telles que l’Ukraine et la Russie ou encore l’Irlande ou l’Océanie.

Les vitraux constituent des variations sur la figure du Christ Missionnaire tandis que les sculptures latérales traitent des Béatitudes. L’ensemble est de très haute valeur patrimoniale, des artistes de renom ont contribué à cet ensemble original et harmonieux qui mérite d’être préservé. Classée Monument historique en 1994, cette église est une pépite née de la collaboration d’artistes de renom et de talent. La visite de l’église est pour le moment interdite.

Un lieu de foi, une communauté très vivante

Cette église est d’abord un lieu de prière qu’il a fallu fermer en raison des risques encourus. Le Père Désiré Zanté, curé de la paroisse Notre-Dame des Missions depuis 2017, s’en désole, d’autant plus que la fermeture a été brutale et qu’elle a provoqué une réorganisation rapide de la paroisse. Les deux messes du vendredi et du dimanche ont dû être supprimées dans l’église et les cérémonies planifiées (baptêmes et mariages) déprogrammées, la petite crypte ne suffisant pas à accueillir tout les fidèles …

Une fermeture d’église vécue comme un arrache-cœur. Christian Fisson, paroissien et président de l’Association des Amis de Notre-Dame des Missions se déclare consterné et inquiet sur le calendrier des restaurations tel qu’il semble se dessiner.