À l'origine, un miracle
Les décors XIXe de l’église Notre-Dame de Boulogne-Billancourt. (Muriel Bergasa)
Un bateau sans voile ni rameur vient s’échouer sur les rives du port de Boulogne-sur-Mer. Elle contient une statue en bois représentant une Vierge à l’Enfant. Nous sommes en 633 et au même moment Marie apparaît dans une chapelle de la ville haute et révèle aux fidèles l’arrivée d’un vaisseau où l’on trouverait son image. Ce miracle a donné lieu au pèlerinage qui menait à Boulogne-sur-Mer.
En 1309, Philippe le Bel se rend dans le sanctuaire et décide d’édifier une église dédiée à Notre-Dame proche de Paris dans ce qui n’était alors qu’un village appelé Menus-lez-Saint-Cloud au cœur de la forêt. Il ne peut réaliser son vœu et c’est son fils Philippe qui posera la première pierre en février 1319. L’édifice en partie détruit à la Révolution a été classé Monument historique au XIXe siècle et restauré par l’architecte Eugène Millet, élève de Viollet-le-Duc, en 1860. Il subsiste de cette époque un des rares ensembles de polychromie de l’époque Napoléon-III.
L’église va connaître un nouvel épisode de son histoire avec l’aménagement liturgique de son chœur et la création d’un nouvel autel pour remplacer celui installé « provisoirement » après le concile Vatican II, il y a cinquante ans…
[VOIR] Un nouveau mobilier liturgique pour Notre-Dame
Un pèlerinage « raccourcy » à Boulogne-La-Petite
Affiche de l’exposition 700 ans de Notre-Dame de Boulogne
Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) s’est d’abord appelée Bolonia suprae Sequanem ou Boulogne-sur-Seyne. La Seine s’y étale comme un bras de mer. Ce n’est qu’au XIXe siècle à la grande époque de l’industrie que la commune a pris le nom qu’elle porte aujourd’hui. L’église « Notre-Dame de Boulogne-La-Petite » devint ainsi un lieu de pèlerinage « raccourcy » pour éviter les périls d’un long voyage vers le nord, comme l’avait souhaité le roi de France. Il la dote d’une statue en argent doré à l’image de la Vierge de Boulogne-sur-Mer.
L’ancien village prospère autour de son église jusqu’à la Révolution où le sanctuaire est profané. Ses richesses sont pillées ou fondues. Le lieu de culte est utilisé autrement, lit-on dans la revue n°473 de la revue BBI : « L’église sert de grenier à fourrage et de lieu de plaisir, ce qui lui vaut d’être conservée ». Julie Fagard poursuit « En 1801, le Concordat rend l’église au culte, après purification ».
Plusieurs phases de restauration successives (et d’agrandissement) permettront de sauver l’édifice doté en 2008 d’un nouvel orgue. « En 1872, les habitants de Boulogne reconnaissants d’avoir échappé aux horreurs de la guerre et de la Commune contribuent à une nouvelle restauration. L’intérieur est couvert de motifs décoratifs du sol au plafond confiés au peintre-verrier Émile Hirsch et au peintre Charles Lemaire. »
Remonter le temps
L’origine de l’église Notre-Dame de Boulogne remonte à 1319 (Muriel Bergasa)
Une exposition immersive, ludique et gratuite a retracé cette histoire entre mai 2019 et février 2020. La mairie de Boulogne-Billancourt proposait aux visiteurs de se retrouver projeter au XIXe siècle dans l’église Notre-Dame en interagissant avec des personnages. « Nous avons conçu une expérience en réalité augmentée en complément des panneaux présentés dans l’exposition », souligne Agathe Turlotte de la start-up Realcast qui a développé la technologie. Durant 12 minutes, le visiteur évolue dans un espace de 38 m2 muni d’un casque. Il se retrouve propulsé en 1860 dans la peau de l’architecte Eugène Millet. Participant à la restauration de l’église, il voit le bâtiment changer au fur et à mesure accompagné d’un personnage virtuel, une chauve-souris violette nommée Imelda qui lui raconte l’histoire du lieu.
Des panoramas à 360° offrent une vue de la boucle de la Seine sous l’ancien régime reconstitués à partir des cartes des chasses du roi Louis XV. Cette immersion est complétée par des panneaux qui relatent pas à pas les événements depuis le miracle de 633 à l’expansion de la ville actuelle.