Le photographe des cathédrales
La cathédrale Notre-Dame de Paris vue du ciel en 2012 par Stéphane Compoint.
Depuis plusieurs années, Stéphane Compoint photographie les plus belles cathédrales : Albi, Amiens, Reims ou tout récemment Metz pour son 800e anniversaire… et Notre-Dame de Paris. Pour s’approcher des monuments en toute sécurité, il a conçu un ballon captif et s’équipe d’un trépied de 18 mètres de haut. « Le dernier texte de loi relatif aux ballons captifs, précise le photographe, datait de 1923. Obtenir l’autorisation conjointe de la préfecture de police, la Mairie, le diocèse et de la Direction générale de l’aviation civile a donc été un parcours du combattant mais je suis fier d’avoir obtenu le permis numéroté 1 délivré par la Préfecture pour un aéronef sans pilote ! »
Une autre difficulté rencontrée en 2012 à Notre-Dame, avec 55 000 visiteurs sur le parvis et 38 000 dans la cathédrale par jour, les contraintes horaires étaient draconiennes. Le travail mené avec Le Pèlerin devait se faire à l’extérieur côté parvis entre 7 h 30 et 8 h 30 et à l’intérieur entre 6 h 30 et 7 h 45, messe de 8 heures oblige ! « Un 30 septembre 2012 à 6 h 30, il fait sombre dans le sanctuaire. Il a donc fallu imaginer une solution. On a imaginé de dégonfler légèrement le ballon et de le faire se poser sur la voute. Celui-ci s’est transformé en trépied inversé et a permis de stabiliser l’appareil photo pour obtenir un temps de pause suffisant un peu comme la chambre photographique de nos arrières grands-parents ».
La restauration ne commencera qu’en 2021
Monseigneur Patrick Chauvet, recteur de la cathédrale de Paris et Catherine Lalanne, rédactrice en chef du Pélerin et Stéphane Compoint, lors de la soirée d’inauguration de l’exposition photo « Notre-Dame de Paris, splendeur éternelle vue du ciel ». © Corinne Simon – Ciric
Des photos prises de la terrasse de la maison diocésaine, rue du Cloître-Notre-Dame, en octobre 2019 montrent Notre-Dame dans son état actuel. « Avec le trépied, on peut monter à 32 mètres de hauteur », souligne Stéphane Compoint. Même si des centaines de millions d’euros ont été rassemblés en un temps record et que le président de la Fondation du patrimoine, Guillaume Poitrinal, estime « avoir fait le plein », la restauration n’a pas encore commencée. « Nous en avons encore pour environ six mois pour finir d’enlever l’échafaudage calciné et enchevêtré, souligne Monseigneur Chauvet. Et, il faut encore vérifier l’ampleur des dégâts ainsi que le nombre de pierres à changer, ce que personne n’a pu jusqu’à présent évaluer ».
En attendant de pouvoir à nouveau accéder au parvis, une exposition est prévue au sein de l’Hôtel-Dieu en juin 2020. Sur le site Aleteia, on peut lire que « Une partie du Trésor de Notre-Dame, toujours abritée dans les réserves du Louvre depuis l’incendie du 15 avril dernier, sera présentée dans une exposition consacrée à l’histoire de la cathédrale. »
Un lieu de tendresse
Ce travail exceptionnel permet de revisiter un lieu fermé pour encore au moins cinq ans, « un lieu où redécouvrir la tendresse de Dieu », s’émeut Monseigneur Chauvet. Le recteur se souvient du moment où il a pu entrer dans le sanctuaire après l’incendie avec le président de la République Emmanuel Macron et a contemplé la Vierge au pilier intacte. « J’y ai vu un signe. Que cette Vierge de tendresse n’ait pas été détruite par la voute écroulée est un miracle ».
Stéphane Compoint, photographe, devant l’auberge Adveniat. Corinne Simon-Ciric
Stéphane Compoint se dit comme Monseigneur Chauvet « orphelin de la cathédrale ». Né à Paris dans le 6e arrondissement, le monument a fait partie du paysage de sa jeunesse. « Quand on est enfant, on croit que ses grands-parents seront éternels. On n’imagine pas leur disparition. J’ai ressenti le même choc affectif en la voyant s’écrouler ».
Un ouvrage éclairé par le pape François
Cet ensemble de photos a fait l’objet d’un superbe ouvrage (Bayard Editions) rythmé par la méditation du pape François sur Marie, à laquelle la cathédrale est consacrée. Ces images « vues du ciel » permettent de conserver intact le souvenir des trésors qui n’ont pas résisté aux flammes, revivifiées par les textes d’une profonde portée spirituelle.