Quatre des six prix remis par Le Pèlerin dans le cadre du Grand Prix Pèlerin du patrimoine l’ont été à des projets d’édifices du XXe siècle. Comme l’a rappelé Philippe Bonnet, architecte en chef des Monuments historiques, « Cela montre la nécessité de porter une attention particulière à ce patrimoine peu connu et mal-aimé ».
Les lauréats du Prix du patrimoine Pelerin 2019
Le prix Chantiers du Cardinal a été attribué au projet de restauration de la verrière de l’église Saint-Paul de La Vallée aux Renards à l’Haÿ-les-Roses/Fresnes (Val-de-Marne). Cette immense verrière abstraite et colorée est classée sous le label « Patrimoine remarquable du XXe siècle ». L’église d’une sobre architecture a la forme d’un cube fermé, côté chœur, par une immense verrière de près de sept mètres sur quatorze, abstraite et colorée, constituée de quatre-vingt-un panneaux. Elle est selon le père Alfred Kamwanga, curé de la paroisse, « particulièrement chère au cœur des habitants de la cité qui l’entoure ». Construite au début des années 1960, en même temps que tout le quartier alentour de la Vallée-aux-Renards, l’église Saint-Paul se trouve comme enserrée entre les immeubles.
Les Chantiers du Cardinal octroient à ce projet un prix de 10 000 € en surcroit des 70 000 € déjà consacrés à cette restauration.
Des verres colmatés avec du scotch
Ce mur de verre, œuvre abstraite très colorée d’André Ripeau et de Jacques Colas-Guérin, était particulièrement fragilisé et nécessitait une intervention urgente. « Nous avons dû remplacer un tiers des verres qui, cassés au fil des ans, avaient été bouchés tant bien que mal », précisent Lucien Renault et Charles Stavropoulos des Ateliers Lucas concept, les deux maîtres verriers chargés de cette délicate opération. Certaines parties avaient été colmatées avec du scotch provoquant des infiltrations dans le lieu de culte.
Tous les panneaux ont été transportés dans leur atelier de Villejuif (Val-de-Marne). Pour mener à bien leur chantier, ils ont mené une véritable enquête pour trouver les couleurs de verre les plus fidèles à celles d’origine, piochant avec minutie dans leur valise d’échantillons de la verrerie de Saint-Just. Le bleu d’une infinité de teintes constitue la couleur dominante. « Pour la couleur verte, nous avons travaillé sur une base de trente nuances ». Leur travail consiste également à changer les plombs abimés « beaucoup plus épais que la moyenne », précisent-ils.
Cette restauration est une première étape. Le père Alfred Kamwanga est confiant : « Toute l’église sera restaurée, pan par pan. » Et si l’architecture de l’église est humble par rapport à d’autres lieux plus emblématiques, « Ce n’est pas la grandeur du projet qui a une importance mais l’âme de ceux qui le porte », comme le souligne l’architecte Renzo Piano.
Reportage lors de la dépose des vitraux
En mai 2019, Charles Stravropoulos et Lucien Renault, les maîtres-verriers de l’atelier Lucas Concept ont procédé à la dépose des vitraux dans l’église.
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12.09.2019Article
Fresnes/L’Haÿ-les-Roses : restauration de vitraux en cours