Un défi financier pour le diocèse
Trois millions d’euros. C’est l’estimation de l’enveloppe financière qu’il faudra consacrer à la rénovation du toit de trois églises du diocèse de Pontoise (Notre-Dame-des-Noues à Franconville, Sainte-Marie-des-Peuples à Cergy et Notre-Dame-de-l’Assomption à Eaubonne). Un vrai défi financier pour le diocèse qui ne dispose que de 400 000 euros chaque année pour entretenir son patrimoine bâti. « Ces travaux sur les églises décontenancent complètement le budget, explique Jean-Yves Marchon, économe diocésain, et sont révélateurs de notre fragilité. Comme le montre aussi l’autre poste de dépense obligatoire : l’accessibilité des bâtiments, environ 4 millions d’euros. » L’économe a fait les comptes. « Nous sommes à une charnière. Dans 5 ans notre capacité d’autofinancement sera négative, on va vers des difficultés croissantes de trésorerie. » Le diocèse devra donc se séparer de certains bâtiments et geler certains projets.
[VOIR] Projet de rénovation à Eaubonne
Et si fermer ces trois églises était la solution ? Réponse de l’économe : « Hors de question de fermer. Nos prédécesseurs ont eu le sens pastoral des choses : ils ont su implanter ces églises dans les bons endroits, là où la population allait augmenter. » Proche des lieux de passage, d’écoles ou de centres commerciaux, les trois édifices religieux font partie de quartiers vivants. Ils intègrent des logements pour les prêtres et des salles de réunions. Ces églises accueillent non seulement les paroissiens mais aussi de nombreux rassemblements de doyennés voire diocésains.
Le toit de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption à Eaubonne.
L'aide des Chantiers du Cardinal
Sur ces lourds travaux de rénovation, le diocèse de Pontoise sollicite l’aide financière des Chantiers du Cardinal à hauteur d’un million d’euros environ. Les églises de Franconville et Eaubonne bénéficient d’une subvention de 375 000 euros chacune, le reste est alloué à l’église de Cergy. De quoi par exemple financer les nombreuses études techniques, préalables indispensables au début des travaux.
Vue du toit et du clocher, ils ne sont plus étanches et laissent passer l’eau.
Au delà des finances, les Chantiers du Cardinal mobilisent aussi leurs compétences. Pierre Orsat (bénévole des Chantiers du Cardinal) accompagne le service travaux du diocèse depuis plusieurs mois, en particulier pour préparer les dossiers de demandes de subvention. « En fonction de ce qu’on a vu ensemble sur les bâtiments, explique Marie-Dominique Odoux, responsable des travaux pour le diocèse, Pierre Orsat nous aide en recherche des compétences internes. Il nous met en contact avec des professionnels dans le contrôle de sécurité ou l’étanchéité. » Pour Jean-Yves Marchon, l’apport de Pierre Orsat et des Chantiers du Cardinal sont déterminantes : « Sans cette aide pour trouver les bons bureaux d’études et les solutions techniques, je pense que l’on n’aurait pas été capable de faire un travail de qualité et durable.«
Architecture audacieuse mais fragile
Construites entre 1960 et 1980, les églises de Franconville, Eaubonne et Cergy « ont bien vieilli » rappelle l’économe, qui souligne l’investissement bénévoles de nombreux paroissiens pour entretenir les lieux et particulièrement les toitures. « On a colmaté les fuites, mais à un moment donné on touche à des contraintes structurelles. » Aujourd’hui les rustines sur les toits ne suffisent plus. À Notre-Dame-des-Noues à Franconville, il pleut sur le célébrant. Le bâtiment a d’ailleurs été fermé en décembre 2019. Dans l’église Sainte-Marie-des-Peuples de Cergy, il a fallu condamner certaines zones après la chute de morceaux de faux plafonds.
[VOIR] Projet de rénovation à Franconville
L’architecture particulière rend les choses plus compliquées. Les clochers sont monumentaux, la répartition des forces sur les toitures n’est pas toujours évidente, les plaques de toiture ont mal résisté au temps… Et les normes de résistance au vent ou à la neige ont changé. Rénover les toits à l’identique demande de réaliser d’abord des études précises. À Franconville par exemple, il faut déterminer comment la charpente est reliée aux panneaux de couverture. Pour l’église d’Eaubonne, c’est l’état de la structure touchée par les infiltrations qui inquiète. Une fois l’état des lieux connus, il est temps d’analyser les solutions possibles : des poteaux supportant la voute depuis l’intérieur ? Ou des câbles extérieurs qui retiendraient la toiture ?
[VOIR] Projet de rénovation à Cergy
Et au delà des seuls travaux ponctuels sur les toits, le plan de rénovation prévoit aussi des effets sur le fonctionnement, en particulier du côté de l’isolation. « Nous réfléchissons aussi à réduire par deux la facture énergétique » précise Jean-Yves Marchon.
Dommages de la toiture de l’église Sainte-Marie-des-Peuples à Cergy-Le-Haut