Un trio, constitué d’un architecte, un peintre et sculpteur spécialiste du cheval, un historien et écrivain, s’est formé pour concevoir et réaliser un projet de mémoire, d’art sacré et de dévotion.
Les trois acteurs du projet d’aménagement liturgique et d’art sacré de l’église Sainte-Jeanne-de-Chantal : Nathan Crouzet, Jean-Louis Sauvat et Laurent Lecomte.
« Une Église qui vit est une Église qui vit avec son temps. Le projet que nous avons proposé respectera la sobriété de l’architecture tout en donnant un éclairage contemporain. »
Nathan Crouzet, architecte
Trois artistes pour une œuvre liturgique
Nathan Crouzet est architecte. Diplômé en 2014 de l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles, il a participé à de nombreux projets similaires, dont l’accompagnement de l’artiste Feline Varini dans son œuvre des cercles, des toits, des façades. Ils ont élaboré un travail de peinture qui se déploie dans l’espace architectural. Un projet imbriquant art et architecture qui n’est pas sans rappeler celui de Sainte-Jeanne-de-Chantal.
Jean-Louis Sauvat est peintre et sculpteur. Passionné d’équitation, il s’est spécialisé dans la représentation équestre. Il a notamment réalisé les fresques qui ornent le manège des Grandes Écuries de Versailles. La simplicité et l’humilité de son trait lui procure également un mouvement et un dynamisme propre à ses œuvres.
Laurent Lecomte est historien, spécialiste du XVIIe siècle et de l’Ordre de la Visitation. Son regard et sa culture d’historien étaient indispensable à la réalisation du projet. Il a permis de mettre en cohérence ce projet avec l’histoire de sainte Jeanne de Chantal. Au-delà de son rôle consultatif pour la réalisation du projet, il aura le statut de commissaires des expositions proposées dans les contre-chapelles.
La genèse du projet
La construction de l’église Sainte-Jeanne-de-Chantal a démarré en 1936 pour s’achever en 1958. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a en effet subi les bombardements qui visaient les usines Renault implantées à proximité. Elle est représentative des mouvements architecturaux de l’époque. Reprenant les canons de l’architecture byzantine, l’architecte et le diocèse de Paris avaient fait le choix de matériaux modernes. Aujourd’hui, pour habiller l’intérieur dépouillé, le Père Arnaud Bancon réitère ce paradoxe artistique en alliant techniques anciennes et modernes pour former un ensemble harmonieux. L’objectif, dans le respect de la tradition artistique ecclésiale, est de transmettre et expliquer l’histoire de Sainte Jeanne de Chantal aux paroissiens et aux visiteurs.
« L’église Sainte-Jeanne-de-Chantal m’a frappé par son élégance, sa simplicité et son dépouillement. Malheureusement son chœur manquait de cohérence avec des chapelles latérales sombres et inhabitées. Il fallait réveiller Sainte-Jeanne ! Une Église qui vit est une Église qui vit avec son temps. Le projet que nous avons proposé respectera la sobriété de l’architecture tout en donnant un éclairage contemporain à cette sainte oh combien moderne et au sacrement du baptême. Le choix d’illuminer les fresques de Jean-Louis Sauvat apportera une aura particulière à l’universalité du sacrement du baptême et à la figure de sainte Jeanne de Chantal, tous deux sublimés par l’installation de deux grandes vasques », s’enthousiasme Nathan Crouzet.
Jean-Louis Sauvat dessinant les grisailles.
Peindre avec la lumière
La projection des fresques lumineuses bleues est l’une des bases du projet « Puissance d’aimer ». Jean-Louis Sauvat réalise un dessin en grisaille sur le fond des chapelles latérales. Cet artiste, spécialiste du dessin équestre et expert du mouvement, a notamment réalisé les panneaux qui habillent le manège des Grandes Écuries du château de Versailles. Qui mieux que lui pouvait représenter les images d’une sainte en perpétuel mouvement ? Pour ne pas altérer l’édifice ni en dénaturer son dépouillement, les grisailles seront colorisées grâce à un jeu de lumière et des moyens numériques. C’est une véritable première car jusqu’alors, aucun artiste n’avait utilisé ce procédé en intérieur pour une œuvre pérenne.
Dans les années 1970, le cardinal Lustiger, alors curé de la paroisse, avait fait le choix de confier à René Dionnet la réalisation de la fresque monumentale en fond de chœur et la croix majestueuse qui la surplombe. Le projet Puissance d’aimer s’inscrit dans cette logique d’embellir l’architecture de l’édifice. Il reprend également l’anachronisme sur lequel les auteurs de ce lieu ont toujours joué. Fidèle à son époque, l’architecte avait fait le choix d’une architecture byzantine soutenue par des matériaux modernes. Aujourd’hui, Jean-Louis Sauvat dessine une fresque classique. « Plus qu’un moyen technique, nous voyons ce système de projection comme un véritable moyen d’expression. Les fresques bleues ne sont pas une décoration, au contraire, elles seront supports des rites qui seront faits dans ces deux chapelles pour les fidèles et les membres du clergé. Faire qu’en 2015, l’Église se serve des moyens les plus contemporains et innovants serait la preuve de sa vitalité et de son ancrage dans notre société. Parions enfin que par ce procédé, l’église de Sainte-Jeanne-de-Chantal arrive à attirer et fidéliser de nouveaux paroissiens, et notamment, des jeunes, pour qui le numérique est une évidence. » Jean-Louis Sauvat, artiste-peintre sculpteur