Mgr Ulrich, archevêque de Paris (© Trung-Hieu Do diocèse de Paris)
Interview Exclusive de Mgr Laurent Ulrich Interview Exclusive de Mgr Laurent UlrichLes églises élèvent l’âme
Après une fin d’année 2024 très médiatisée lors de la réouverture de Notre-Dame, l’archevêque de Paris se confie en exclusivité aux Chantiers du Cardinal.
Mgr Ulrich, archevêque de Paris (© Trung-Hieu Do diocèse de Paris)
Pour moi, ce sont vraiment des lieux qui élèvent l’âme, maisons de Dieu bien entendu, lieux de la Rencontre avec Lui, lieux où Il nous attend, et par conséquent lieux à habiter pour nous, Chrétiens ! Depuis que je suis évêque, où que j’aie été envoyé, en Savoie, à Lille et aujourd’hui à Paris, j’ai toujours vivement encouragé et incité les Catholiques à « habiter » leurs églises, leurs cathédrales, à en faire des lieux ouverts. Ouverts pour la prière, vivants dans l’action de grâce, comme un témoignage simple de foi et de joie, mais aussi lieux accueillants pour ceux qui passent et qui peuvent y trouver la paix dans le tumulte de notre monde. Je suis également sensible à cette quête fondamentale des bâtisseurs d’églises. Ce qu’ils souhaitent offrir en premier au Seigneur, c’est la beauté à laquelle tout concourt : l’harmonie architecturale, les prouesses techniques, la recherche d’une belle lumière, le soin apporté à l’acoustique, au mobilier liturgique. Cette beauté est le langage universel dans lequel Dieu se fait proche de tous.
En premier lieu, j’aime la cathédrale St Bénigne de Dijon : j’y ai été baptisé. Pendant les années de collège, j’y ai chanté chaque dimanche et, à l’âge de 28 ans, j’y ai été ordonné prêtre. Mais j’ai été marqué tout au long de ma vie par les églises en construction, en restauration. Par l’application, l’effort consenti par tant d’experts et de compagnons pour répondre à l’attente des fidèles de trouver ou de retrouver le lieu où ils répondent à l’invitation du Christ. Dans ma jeunesse, je fréquentais aussi la cathédrale de Saint-Dié, incendiée pendant la Seconde Guerre Mondiale et dont l’évêque de l’époque, Mgr Jean Vilnet, a entrepris la reconstruction. Nous nous rassemblions d’abord dans une chapelle, puis nous avons « réintégré » la cathédrale, dans un espace de plus en plus vaste à mesure que les travaux avançaient… C’est d’ailleurs Mgr Vilnet qui, me précédant de 25 ans comme archevêque de Lille, a terminé la façade de Notre-Dame de La Treille.
Et à Paris, évidemment, j’ai rejoint un diocèse dans l’attente de retrouver sa cathédrale. J’ai fait mienne cette attente, partagée par des millions de personnes dans le monde. Ce n’était pas qu’une attente de la fin des travaux, c’était l’attente des retrouvailles. Nous attendions la réouverture pour nous exclamer, avec le psalmiste : « Quelle joie quand on m’a dit : Nous irons à la maison du Seigneur ! »
C’est le Corps du Christ, que nous formons et auquel nous sommes appelés à nous attacher chaque jour davantage ! C’est cette Église-là, l’Église-communauté, l’Église-communion, qui préexiste à toutes les églises-bâtiment et leur donne sens. L’église idéale à bâtir est ainsi la manifestation visible de la beauté des mystères de la foi qui s’y célèbrent : elle permet à la communauté des croyants de se rassembler dignement, joyeusement, autour de l’autel du Seigneur, et d’y réaliser son unité.
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