Paroissiens et habitants au service des autres
La distribution se déroule devant l’entrée de l’église, sur le boulevard Blanqui. En plein cœur du 13e arrondissement, depuis le 24 mars 2020, tous les jours entre 11h30 et 14h30, une file se forme devant des tables disposées sur le trottoir. « Au début, il s’agissait plutôt de personnes sans abris, raconte le père Lionel Dumoulin, le curé de la paroisse. Aujourd’hui, je vois des gens précaires, des familles du caté par exemple, parce qu’il n’y a plus de cantine, plus de subventions… Des gens qui ne n’en se sortent pas. »
Pour les accueillir et distribuer les sacs de vivres, une trentaine de bénévoles se sont portés volontaires. Certains donnent les colis, d’autres des vêtements, des livres ou des journaux. Certains sont des paroissiens, d’autres seulement des habitants du quartier. Le curé a pris soin que les personnes seules puissent en priorité intégrer l’équipe de bénévoles. « C’est le plus grand service à leur rendre : celui de pouvoir se rendre utile. »
Distribution de colis alimentaires à la paroisse Sainte-Rosalie (Paris), mai 2020. (Crédit Jérôme Perrin)
Appel à toutes les bonnes volontés du quartier
Dès le début du confinement, le Diocèse de Paris, via le Vicariat pour la solidarité, s’est associé à la Ville de Paris et à la Préfecture pour cette opération de distribution alimentaire. La logistique est bien rodée : l’association Aurore prépare les colis dans trois centres, répartis dans la ville. Un quatrième centre a été rapidement ouvert par le Diocèse de Paris, dans les locaux du collège Stanislas (aujourd’hui la préparation des repas est faite au lycée Saint-Louis-de-Gonzague). Dans la matinée, les bénévoles de toutes les paroisses viennent prendre les colis alimentaires qui seront ensuite distribués par les équipes, à l’heure du déjeuner. En tout, 28 paroisses sont devenues des centres de distribution, dont Saint-Albert le Grand (13e), Sainte-Jeanne-de-Chantal (16e) ou encore Sainte-Odile (17e).
Début mai 2020, près de 250 repas ont été distribués à Sainte-Rosalie. (Jérôme Perrin)
Fin mars, à Sainte-Rosalie, une cinquantaine de sacs ont été distribués. Début mai le nombre de colis alimentaires s’élevait déjà à 250. « Pour notre paroisse, la Ville de Paris en finance 200, indique Jérôme Perrin, paroissien et président de la Conférence Saint-Vincent-de-Paul à Paris. C’est à nous de trouver pour compléter les 50 repas restants.» Alors, tous font appel aux bonnes volontés du quartier. Les boulangeries toutes proches donnent volontiers le pain et les pâtisseries non vendus. Des habitants apportent des gâteaux, des produits d’hygiène… « Les jeunes du lycée professionnel Albert de Mun cuisinent des plats chauds, raconte Jérôme Perrin. Le 1er mai, ils sont même venus en tenue, nous apporter de la soupe. »
Toute la paroisse porte cette action
Un élan de solidarité anime donc ce quartier du 13e arrondissement de Paris. « On a vu qu’on peut se mobiliser très rapidement. » reconnaît le père Dumoulin. Pour Françoise, l’une des 30 personnes engagées dans cette nouvelle opération de solidarité, l’engagement de la paroisse n’a rien de surprenant. « La bienheureuse Sœur Rosalie Rendu est la patronne de notre paroisse, rappelle-t-elle. Au milieu du XIXe siècle, elle portait secours aux indigents du quartier, l’un des plus pauvres de Paris ! »
L’opération de distribution est menée par le Vicariat pour la solidarité du Diocèse de Paris, en lien avec la Ville de Paris. (Jérôme Perrin)
Au XXIe siècle, les habitants du quartier se mettent « en tenue, au service de leurs frères, comme le rappelle monseigneur Benoît de Sinety » souligne Françoise. La paroissienne reconnaît que ces heures passées auprès des autres bénévoles et au contact des personnes dans le besoin sont enrichissantes. « Nous vivons quelque chose de très fort ! » À ses côtés, Jérôme Perrin confirme : « Il y a évidemment les personnes qui participent à la distribution, mais il faut aussi penser à ceux qui apportent un peu de nourriture, ceux qui prient… C’est toute la paroisse qui porte cette action spirituellement. »
À l’heure du déconfinement, la distribution alimentaire à Sainte-Rosalie devrait se poursuivre encore quelques temps. « Selon les besoins » indique le père Lionel Dumoulin, même s’il fait remarquer que les locaux de sa paroisse ne sont, pour le moment, pas adaptés pour cette activité.
Sainte-Rosalie : une église rénovée
En 2019, l’église Sainte-Rosalie est restée fermée quelques mois pour travaux. Les fidèles ont même célébré les messes sous une tente dans le jardin paroissial… Peinture, carrelage, éclairage, mobilier liturgique, le chantier avait pour objectif de rendre de la clarté à l’intérieur du bâtiment. La nouvelle disposition du chœur a été pensée pour rapprocher les célébrants des fidèles et permettre d’accueillir d’avantage de personnes pendant les célébrations. Les Chantiers du Cardinal ont apporté une contribution de 100 000 euros (total des travaux 530 000 euros).
[VOIR] La première messe après les travaux à Sainte-Rosalie
La chapelle de semaine située sur le côté du chœur avait été entièrement rénovée et réaménagée en 2019 également. C’est d’ailleurs dans cette chapelle que les messes ont pu être filmées par l’équipe de la paroisse pendant la période de confinement.