Ensemble, préservons le patrimoine religieux

Visite de chantier à Notre-Dame du Raincy (93)

Chaque semaine au Raincy, l’architecte Wandrille Thieulin réunit l’équipe chargée de la restauration de Notre-Dame de Consolation. Avec Bernard Bauchet, spécialisé dans le béton armé, ils font le point sur les travaux du clocher de l’église.

Sous la houlette de l'architecte

Ce mardi après-midi les pigeons s’invitent à la réunion. Les volatiles profitent des travaux de l’église du Raincy pour entrer dans le clocher. « Ils sont dérangés par les ouvriers dans la journée, mais le soir, ils reviennent », explique Jean-François Raynaud, bénévole chargé du suivi du chantier pour la paroisse. « S’agit-il bien de pigeons ? Ce ne sont pas… des faucons ? » demande avec un sourire Wandrille Thieulien. L’architecte fait alors un aparté pour raconter comment il compose avec le rapace lors d’un chantier de restauration d’une autre église en région parisienne. Mais au Raincy, ce sont bien des pigeons. Leur sort est d’ailleurs scellé : l’architecte note dans le compte-rendu hebdomadaire l’obligation de fermer les ouvertures du clocher chaque soir.

[VOIR] Le projet de restauration de Notre-Dame du Raincy

Devant l’église Notre-Dame du Raincy, Wandrille Thieulin (chemise blanche) est l’architecte du patrimoine chargé du chantier, Bernard Bauchet (veste marron), architecte spécialiste de la restauration du béton armé. (CDC)

L’architecte passe aux points suivants. Autour de lui, installés dans une salle dans le préfabriqué (la base-vie) monté dans le jardin derrière l’église, les représentants des corps de métiers, ainsi que ceux du diocèse et de la paroisse. Chaque semaine, ils se réunissent pour faire un point sur l’avancée du projet. C’est le moment où toutes les questions sont évoquées. Où est stockée l’horloge de la façade ? L’entrée des fidèles dans l’église est-elle bien sécurisée pendant le chantier ? À quel moment le paratonnerre est-il installé ? Tout est précisé et noté dans le compte-rendu par l’architecte, parfois la réponse sera donnée la semaine suivante.

« Peut-on faire un point sur le calendrier ? » demande Mickaël Remadna, chargé de l’immobilier et des travaux pour le diocèse de Saint-Denis. Sur le mur, une grande feuille détaille les actions par secteur et par semaine. Wandrille Thieulin s’assure que chaque intervenant est dans le temps prévu ou qu’un éventuel retard sera rattrapé, en annotant le document à la main. Les travaux s’achèveront à l’automne. D’ici là, les façades du clocher auront été nettoyées puis restaurées et une nouvelle horloge sera posée. Enfin, l’échafaudage sera démonté.

Chaque semaine, les deux architectes du projet font le tour de l’église pour constater l’avancement du chantier. (CDC)

Restaurer le béton des façades

Après la question des pigeons, on s’intéresse aux façades extérieure du clocher. Wandrille Thieulin est assisté de Bernard Bauchet, un confrère, spécialiste de la restauration du béton armé. Car l’église Notre-Dame, bâtie en 1923, fait la part belle à ce matériau innovant pour l’époque mais fragile aujourd’hui. Avec les infiltrations d’eau, les fers corrodés font éclater le béton et deviennent apparents. Ils fragilisent l’édifice. Lequel est protégé au titre des Monuments historiques, la restauration impose de respecter des normes précises. Aspect, teinte, méthode, tout est vérifié pour rester dans le cahier des charges de la Drac (Direction régionale des affaires culturelles).

Exemple d’éclatement du béton, le fer est apparent et fragilise la colonne. (CDC)

« On va aller voir sur place ! » Wandrille Thieulin referme d’un coup sec le classeur contenant les comptes-rendus des rencontres précédentes et attrape son appareil photo. La réunion va se poursuivre au pied de l’église. Depuis quelques semaines, les ouvriers ont commencé à nettoyer le clocher en projetant du sable à haute pression. « Ce n’est qu’une fois la façade nettoyée qu’on procèdera à la restauration. » indique Bernard Bauchet. Il s’agira alors de déposer du béton frais sur les parties manquantes. Encore faut-il que ce béton ressemble le plus possible à celui de la façade. Les ouvriers ont réalisé plusieurs tests qui sont présentés aux architectes. À l’œil nu, la différence parait subtile mais rien n’échappe aux professionnels : plus ou moins de granularité ? et la couleur est-elle la même de loin ? Les échantillons sont posés sur les murs pour les comparaisons. Le choix n’est pas encore définitif, d’autres essais seront sans doute encore nécessaires.

L’architecte conseil Bernard Bauchet, examine le coloris d’un échantillon de béton avant restauration. (CDC)

L'œuvre d'Auguste et Gustave Perret

D’ordinaire, le clocher de Notre-Dame de Consolation est visible d’assez loin dans la ville du Raincy. Depuis quelques semaines, c’est plutôt son échafaudage qui se distingue lorsqu’on remonte l’avenue de la Résistance. Une haute façade métallique blanche cache l’entrée, les fidèles sont invités à pénétrer dans l’église par une seule porte sur la droite. Des désagréments temporaires, le temps du chantier sur cet édifice historique de la ville. Plusieurs panneaux fixés sur la façade provisoire rappellent d’ailleurs aux passants son histoire.

Intérieur de Notre-Dame du Raincy, au fond sur la tribune, l’orgue a été protégé pour toute la durée du chantier. (CDC)

Sur une parcelle en pente, étroite et dans un quartier déjà loti, les frères Auguste et Gustave Perret érigent au début des années 1920, un édifice marquant l’histoire de l’architecture. Notre-Dame-de-Consolation est en effet l’une des premières églises entièrement réalisée en béton armé, un matériau peu coûteux pour l’époque. Derrière un clocher-porche de plus de 40m, la nef se déploie en trois vaisseaux rythmés par d’élégantes colonnes de béton lesquelles soutiennent la voûte. Les murs ornés de vitraux forment une fine résille de béton, laissant passer la lumière.

Classée Monument historique en 1966, l’église est connue dans le monde entier. Elle a servi de modèle pour d’autres édifices religieux à la même époque, des copies ont été réalisées notamment au Japon. Un patrimoine architectural et religieux qui fait l’objet de toutes les attentions. Pour cette campagne de restauration, les Chantiers du Cardinal sont sollicités à hauteur de 100 000 euros.

Valérie-Anne Maitre

Notre-Dame du Raincy, vue depuis la tribune de l’orgue. (CDC)

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