James Tissot Peintre de la vie de Jésus-Christ
Jacques Joseph Tissot grandit à Nantes, entre le magasin familial de textile et les quais de la Loire. Intéressé d’abord par l’architecture, celui qui se fait appeler James dès l’âge de onze ans, choisit la voie de la peinture. Il gagne Paris en 1855, à l’âge de 19 ans, et y fait son apprentissage dans l’atelier de Flandrin et de Lamothe, deux disciples d’Ingres qui lui inculquent le goût du dessin. Mais les véritables modèles de Tissot ne sont pas français. Portant son regard vers l’étranger, le jeune artiste se passionne pour les « primitifs » : les maîtres allemands de la fin du Moyen Âge (Cranach, Dürer ou Holbein), les Italiens du Quattrocento (Carpaccio, Bellini) et, parmi ses contemporains, le Belge Henri Leys et les préraphaélites anglais.
Le réalisme au service de la narration
Peintre reconnu et riche, à l’été 1871, il quitte la capitale pour Londres après la semaine sanglante qui met fin à la Commune. Il s’y consacre à des représentations du monde moderne qui se dessine et à celles des parcs et jardins animés par des figures féminines. Son sens de la narration, parfois énigmatique, se développe alors. Son souci du détail sera porté à son paroxysme dans les scènes religieuses auxquelles il se consacrera une dizaine d’années plus tard.
Le renouveau de la foi catholique
En 1876, très affecté par la disparition de sa jeune compagne et modèle, Kathleen Newton, le peintre vit une crise mystique. Il se documente sur les expériences de communication avec les morts et le courant spiritualiste, en vogue en Europe à ce moment-là. Mais l’intérêt de Tissot pour l’occultisme se double aussi d’un renouveau de sa foi catholique. Âgé de 46 ans, de retour en France en 1882, il fait l’expérience d’une autre vision, celle du Christ, en l’église Saint-Sulpice. Cet événement le convainc d’abandonner les sujets modernes pour se consacrer à l’illustration de l’Évangile.
Son ambition est de rétablir la vérité du récit biblique dans un monde chrétien dont l’imagination est « faussée par les fantaisies des peintres ». Pour ce faire, l’artiste voyage en Terre sainte, de 1886 à 1888, puis de nouveau en 1896. Il s’y documente et s’imprègne des lieux où il pense retrouver l’authentique témoignage des Écritures. Cette quête d’authenticité d’un Jésus historique est, dit-il, « au service de la foi » soulignant que « les images qu’il peint sont la traduction de ses visions ».
Un best-seller mondial
365 aquarelles illustrent La Vie de Notre Seigneur Jésus-Christ publié par la maison Mame en 1896. L’ouvrage connaît un immense succès et est considéré comme l’un des plus beaux livres du siècle. L’artiste se lance alors dans l’illustration de l’Ancien Testament mais il meurt en 1902, à l’âge de soixante-cinq ans, avant d’avoir pu terminer ce travail. En admirant la qualité descriptive d’œuvres comme « Jésus monte seul sur une montagne pour prier » ou « Le tremblement de terre », on comprend pourquoi nombre de cinéastes du XXe siècle se sont inspirés de ces scènes.
Informations pratiques
James Tissot – L’ambigu moderne. (Jusqu’au 13 septembre 2020)
Musée d’Orsay 1 rue de la Légion d’Honneur 75007 Paris