Maintenir les visites guidées dans les églises
Vous venez de prendre la présidence de l’association Art, Culture et Foi, fondée en 1989 à la demande du cardinal Lustiger. Pourquoi ?
Pour la beauté de la mission : mettre en valeur le patrimoine religieux parisien et développer les liens avec les artistes contemporains. Financier toujours en activité, j’ai accepté de prendre la présidence à la demande du père Philippe Desgens, délégué épiscopal pour la pastorale de l’art et la culture dans le diocèse de Paris, car je trouve que c’est une très belle association. Elle est animée uniquement par des bénévoles dont l’engagement et la compétence m’ont impressionné.
La première activité des bénévoles d’Art Culture et Foi est de faire découvrir les églises parisiennes. Nombre d’entre elles, au XXe siècle, ont été bâties avec le soutien des Chantiers du Cardinal…
En effet, il y a la très belle église Notre-Dame-de l’Assomption-des-Buttes-Chaumont (19e arrondissement de Paris) ou encore l’église Sainte-Odile (17e). Citons aussi dans le 20e Saint-Cyrille-Saint Méthode et l’église du Cœur-Eucharistique-de-Jésus. Il y a aussi l’église Saint-Jean à Montmartre (18e). Enfin, je pense à l’église Sainte-Jeanne de Chantal (16e).
Dans le contexte actuel, avez-vous pu maintenir les visites guidées ?
Tout à fait et avec beaucoup de succès. C’est la contre partie de la crise sanitaire. Comme les gens ne peuvent plus aller dans les musées, ils redécouvrent les églises et apprécient qu’on les y accueille. Nos bénévoles rendent sensible la visite. C’est leur mission. L’idée n’est pas d’apprécier l’art pour l’art. Il y a une dimension pastorale discrète dans leur accompagnement mais ils ne font pas de prosélytisme afin de ne pas heurter. Certaines personnes croient qu’elles n’ont pas le droit d’entrer, que leur religion leur interdit. D’autres peuvent être choquées. J’ai le souvenir d’un asiatique qui ne comprenait pas pourquoi on avait représenté un homme quasiment nu cloué sur une croix. Même s’il y a une dimension spirituelle dans leur démarche, les guides sont là pour expliquer pas pour évangéliser.
Dans une quarantaine d’églises, nous proposons également l’application « Les pierres parlent » qui fonctionne grâce à un QR code que vous scannez sur votre smartphone à l’entrée du lieu de culte. En 2019, nous avons eu 10 000 visites par ce dispositif. Malgré la Covid et l’absence des touristes, nous avons connu une augmentation importante de connexions. Profitant de la période sans activité, nous avons analysé les téléchargements et appris qu’un tiers des utilisateurs sont des étrangers et que 62 % ont moins de 35 ans.
Cette étude approfondie est surtout destinée à améliorer notre offre. Certaines rubriques sont très écoutées, d’autres moins, comme celle sur les orgues. La présentation de l’architecture est, par contre, toujours appréciée. L’explication enregistrée permet de découvrir des facettes cachées des édifices, comme la structure métallique de Saint-Augustin par exemple.