Un siècle après sa construction

Refuge chaque année de dix millions de pèlerins et de visiteurs, sa silhouette domine la capitale de ses 84 mètres. Curieusement jusqu’à peu, le sanctuaire ne bénéficiait d’aucune protection au titre des Monuments historiques (MH). Un siècle après sa construction, à l’initiative de la DRAC Île-de-France en partenariat avec la Ville de Paris, la proposition de classement du Sacré-Cœur a été inscrite à l’ordre du jour de la Commission régionale du patrimoine et de l’architecture (CRPA). « Le Sacré-Cœur est l’un des symboles de Paris. Il est le plus visité depuis que Notre-Dame est convalescente. […] Signe d’une lente reconnaissance de l’architecture du XIX^e siècle, la Drac a souhaité donner à cet édifice la reconnaissance qu’il mérite au regard de sa qualité architecturale », a précisé Laurent Roturier, directeur régional des affaires culturelles d’Île-de-France.

Il faut gravir 222 marches pour atteindre la basilique du Sacré-Cœur qui domine Paris. (Marie-Christine Bertin Diocèse de Paris)

Le processus de classement

 Une demande de classement peut émaner du propriétaire du bien ou des services de l’État compétents, les Directions régionales des affaires culturelles (DRAC). Cette demande est alors portée devant la Commission régionale du patrimoine et de l’architecture (CRPA) qui émet un avis consultatif validé par le préfet de région avant d’être transmis ensuite à la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA), placée auprès du ministre de la Culture. Ce dernier prononce la décision de classement par arrêté. Enfin, le propriétaire de l’édifice doit apporter son adhésion à cette sentence. Par un vote du conseil de Paris, deux ans après le début de la procédure de protection MH, la Ville de Paris a donné son aval.

Quelles parties sont-elles concernées par ce classement MH ?

La basilique du Sacré-Cœur, située au 35, rue du Chevalier-de-la-Barre dans le XVIII^e arrondissement, sera protégée en totalité y compris ses bâtiments annexes, la parcelle qui l’accueille ainsi que les grilles qui la délimitent, ses aménagements paysagers tout comme les trois escaliers qui permettent d’y monter.

La basilique du Sacré-Cœur sera le 67^e monument à être classé au titre des Monuments Historiques à Paris. (Sébastien Delprat – Diocèse de Paris)

3994 monuments historiques en Île-de-France

Sur les 96 édifices cultuels appartenant à la Ville, le Sacré-Cœur sera le 67^e à obtenir son classement. Pour rappel, l’Île-de-France compte 3 994 monuments historiques placés sous le contrôle scientifique et technique de la DRAC. Ses services traitent près de 1 000 demandes d’autorisations de travaux et de permis de construire relatifs aux MH par an.

Depuis 2012, 18 églises, dont plusieurs bâties avec l’aide des Chantiers du Cardinal,  ont été protégées au titre des MH (6 inscriptions et 12 classements) : église Saint-Denis-du-Saint-Sacrement, église Saint-Jean-de-Montmartre, basilique Sainte-Clotilde-Sainte-Valère, église Saint-Bernard de la Chapelle, église Saint-Jean-Baptiste de Belleville, église de la Trinité, église Saint-Michel des Batignolles, église du Saint-Esprit, église Notre-Dame du Travail, église Saint-Pierre de Chaillot, église Saint-Laurent, église Notre-Dame-de-la-Croix, église Saint-Vincent-de-Paul, église Saint-Jacques-du-Haut-Pas, église Sainte-Marguerite, église Saint-François-Xavier, église Sainte-Anne de la Butte aux Cailles, église Notre-Dame d’Auteuil.

[VOIR] Les églises classées des Chantiers du Cardinal

Une longue histoire

La basilique du Sacré-Cœur de Montmartre fut édifiée entre 1875 et 1912 par l’architecte Paul Abadie, à la suite du « Vœu national » formulé en janvier 1871 par Alexandre Legentil et Hubert Rohault de Fleury de bâtir une église à Paris dédiée au Sacré-Cœur de Jésus, « en signe de pénitence, de confiance, d’espérance et de foi ». Cette promesse faisait suite aux ravages de la défaite de la guerre franco-prussienne. Reprise par les politiques, elle avait été approuvée un an plus tard par le cardinal Guibert, archevêque de Paris, qui pris soin de lui conserver une portée purement religieuse. La 1^ère pierre fut posée le 16 juin 1875. Financée par une souscription nationale qui récolta 46 millions de francs, l’achèvement de la construction demanda 39 ans et nécessita l’intervention de six architectes à la suite de Paul Abadie. L’élément le plus remarquable de l’édifice est la mosaïque intérieure d’une superficie de 474 mètres carrés.

La mosaïque intérieure de la basilique du Sacré-Cœur s’étend sur 474 mètres carrés. (Marie-Christine Bertin – Diocèse de Paris)

Un lien particulier avec les Chantiers du Cardinal

Inaugurée par le cardinal Richard en 1891, le Sacré-Cœur a été consacré le 16 octobre 1919 par le cardinal Amette. Il reçoit alors le titre de basilique et devient un sanctuaire et un lieu de pèlerinage. La basilique est animée par les bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre. Un lien particulier les unit à l’œuvre des Chantiers du Cardinal qui leur confie les intentions de prière de leurs donateurs ainsi que les donateurs décédés.

C’est en 1872 qu’Adèle Garnier (mère Marie de Saint Pierre), future fondatrice de l’ordre, alors préceptrice en Mayenne, entend parler du projet de construction d’une église en l’honneur du Sacré-Cœur à Paris. Elle dit avoir reçu un appel intérieur du Seigneur : « C’est là que je te veux » la convainquant que le Saint Sacrement doit y être exposé et adoré jour et nuit.

Un havre de paix

Ce vœu d’espérance et de foi est depuis perpétué par des religieuses adoratrices associées à la mission de la future basilique du Sacré-Cœur. « Puisse ce haut lieu spirituel être toujours plus un havre de paix et de consolation pour tous ceux qui en ont besoin. Que chacun, sceptique, curieux, croyant ou non, puisse venir y déposer ses joies, ses espérances, ses peines et ses détresses », confie le père Stéphane Escleff, recteur de la basilique et anciennement curé de Notre-Dame-de-Lourdes dans le XX^e arrondissement.

https://www.sacre-coeur-montmartre.com/

Arielle de Sainte-Marie