50 ans de provisoire...
Bruno de Maistre, lauréat du prix de la création 2016, avec Mgr Michel Aupetit lors de l’inauguration de la nouvelle maison paroissiale Saint-Jean-Paul-II à Colombes (Hauts-de-Seine).
L’actuel autel avait été installé « provisoirement » après le Concile Vatican II, il y a donc 50 ans ! Dans un état fortement dégradé tout comme l’estrade qui l’accueille, il est impératif selon Antoine Rousteau, économe diocésain de Nanterre, « d’intervenir de façon urgente ».
Le diocèse de Nanterre a fait appel à Bruno de Maistre et ses Ateliers d’Arimathie. L’artisan a déjà travaillé avec le diocèse à plusieurs reprises dans des lieux de culte catholiques. Il a en particulier réalisé l’aménagement du chœur du centre paroissial Saint-Jean-Paul-II à Colombes pour lequel il avait reçu le prix de la création Chantiers du Cardinal 2016 dans le cadre du Grand prix du patrimoine Pèlerin. Il détaille son projet.
LE CHIFFRE 8 SYMBOLIQUEMENT CHOISI
Pourquoi avoir choisi de proposer une estrade de forme octogonale ?
L’idée s’est imposée d’elle-même. Les angles des colonnes à la croisée des transepts sont en effet biseautés induisant une forme octogonale. Celle-ci est apparue comme la plus adaptée à l’optimisation de l’espace et à l’ergonomie du lieu en favorisant la circulation grâce à un élargissement des passages entre les colonnes et l’estrade. Cette forme géométrique est par ailleurs intéressante symboliquement, le chiffre 8 évoquant le 8e jour, celui de la résurrection du Christ et de l’accomplissement de la création. Le chœur ouvrira ses bras pour nous accueillir, toutes les lignes convergeant vers l’autel situé au centre.
Ce nouvel aménagement permettra par ailleurs de mieux définir les différents lieux liturgiques :
- Lieu de l’Eucharistie où sera placée la pierre du sacrifice ;
- Lieu de la Parole avec l’ambon où est proclamée la Parole de Dieu ;
- Lieu de présidence avec le siège et le pupitre du président, guide de la prière
Je trouve cette forme idéale mais rien n’est encore acté. Nous n’en sommes qu’à l’étude du projet avec la DRAC car Notre-Dame de Boulogne-Billancourt est classée Monument historique.
L'autel du Bon Pasteur
Comment avez-vous abordé la création de l’autel ?
La communauté paroissiale souhaitait rester en harmonie avec le patrimoine existant et en particulier le maître-autel en marbre de Carrare blanc. Nous avons donc imaginé un dialogue entre les deux autels grâce à un effet de transparence. Les 12 arcades qui structurent la Table sont en marbre de Carrare blanc. A l’intérieur de cet écrin sera placée une pierre à l’aspect brut car travaillée à la main. Cette matière rappellera symboliquement la pierre du sacrifice de l’Ancien Testament. Autour de cette pierre brute, il y aura un vide qui permettra d’apercevoir le maître-autel.
Une sculpture en bas-relief représentera la figure du Bon Pasteur nourrissant ses brebis du pain de la vie. Cette figure biblique invite à venir à l’autel. Une autre sculpture moins figurative symbolise l’Esprit saint sous forme d’une flamme. Cette alliance du marbre et de la pierre brute rappelera ainsi le lien entre l’Ancien et le Nouveau Testament.
Les deux autres lieux de la liturgie, l’ambon sculpté des 4 évangélistes et la présidence, seront créés dans un autre matériau noble, le chêne.
Les Ateliers d'Arimathie
Pourquoi avoir choisi le patronage de saint Joseph d’Arimathie pour vos ateliers d’art sacré ?
Pour la référence à la dimension matérielle nécessaire pour préparer l’eucharistie et le mystère de la résurrection. Saint Joseph d’Arimathie était un notable juif, membre du Sanhédrin. C’est le seul qui a pris des risques après la crucifixion. Il a eu le courage de demander que le corps du Christ soit descendu de la croix. Il l’a enveloppé dans le linceul et l’a fait déposer dans le tombeau qu’il avait fait creuser, le saint sépulcre. Il est d’ailleurs cité dans les quatre Évangiles*.
*Évangile selon saint Marc 15/43-47
Joseph d’Arimathie intervint. C’était un homme influent, membre du Conseil, et il attendait lui aussi le règne de Dieu. Il eut l’audace d’aller chez Pilate pour demander le corps de Jésus. Pilate s’étonna qu’il soit déjà mort ; il fit appeler le centurion, et l’interrogea pour savoir si Jésus était mort depuis longtemps. Sur le rapport du centurion, il permit à Joseph de prendre le corps. Alors Joseph acheta un linceul, il descendit Jésus de la croix, l’enveloppa dans le linceul et le déposa dans un tombeau qui était creusé dans le roc. Puis il roula une pierre contre l’entrée du tombeau. Or, Marie Madeleine et Marie, mère de José, observaient l’endroit où on l’avait mis.