L'apanage des hommes

Le chantier de restauration de Notre-Dame de Paris est colossal. Quelques rares femmes y participent. Au milieu des Compagnons, pour la grande majorité des hommes, comment s’y sont-elles fait une place? D’où vient leur engagement ? La cathédrale n’est pas le seul espace de leur activité. D’autres édifices religieux bénéficient de leur savoir-faire.

Un très beau documentaire du CFRT, Les anges gardiennes du patrimoine, réalisé par Lucille Bellanger, met en lumière ces pionnières, actrices de la restauration d’art et d’édifices sacrés. Trois femmes témoignent de leur vocation et de leur passion. Elles racontent comment elles ont lutté contre les préjugés d’un milieu qui a longtemps été l’apanage des hommes.

Le documentaire est disponible sur la plate forme Vodeus, proposé par le CFRT (éditeur du programme Le Jour du Seigneur). (Photos CFRT)

Croiser l’art, la science et la spiritualité

Les images, tournée à l’intérieur de la cathédrale, montrent Marie Parant en pleine action. Équipée d’un masque à assistance respiratoire, elle achève la restauration d’une peinture murale du XIX^e siècle dans la chapelle Saint-Ferdinand. Installée selon ses mots « entre ciel et terre », elle précise « se sentir privilégiée de pouvoir admirer tous les détails de l’œuvre ».

Le reportage se poursuit dans l’atelier de Flavie Serrière Vincent-Petit, restauratrice de vitraux. Elle a choisi ce métier car, « il lui permettait de croiser la science, le geste, l’art mais aussi la spiritualité. » Elle souligne : « Sans la théologie de la lumière dans le christianisme, les vitraux n’auraient peut-être pas existé ». Le reportage nous permet d’admirer différents édifices décryptés par la restauratrice, comme l’église Saint-Étienne-du-Mont à Paris, orné de vitraux exceptionnels, joyaux du XVII^e siècle. Ses pas nous mènent également dans la cathédrale de Troyes, où l’on découvre, depuis le triforium, les  1700 m² de verrière dont la fabrication s’étale du Moyen Âge au XIX^e siècle ! Son travail, précise l’artisan, ne se limite pas aux œuvres anciennes. Elle les accompagne parfois par des créations dans le but de valoriser le lieu et nous le démontre dans une église de l’Aube. Retournée dans son atelier, elle s’enthousiasme quand elle « observe, cherche des indices, découvre ce qu’a voulu dire le peintre sur verre ». 

Réalisé par Lucille Bellanger, le documentaire met en lumière ces pionnières, actrices de la restauration d’art et d’édifices sacrés. (Crédit CFRT)

Femme et tailleur de pierre, reçue compagnon du devoir

Le  parcours de ces femmes n’a pas toujours été facile. Lucie Branco est la première femme tailleur de pierre reçue Compagnon du devoir. Elle a lutté douze ans contre les préjugés de cette confrérie et partage maintenant son expérience avec des jeunes femmes apprenties. Celles-ci témoignent à leur tour des remarques des garçons : « tu es une fille, donc tu n’as pas de force ». Ces difficultés n’ont pas altéré sa vocation car « travailler à la restauration d’édifices religieux apporte une élévation, un supplément d’âme ».

Voir le documentaire sur Vodeus

Les anges gardiennes du patrimoine (26 min). Réalisation Lucille Bellanger

https://vodeus.tv/video/les-anges-gardiennes-du-patrimoine-2645