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Visiter Saint-Jean-Bosco – Un écrin de pur style Art Déco, bientôt en travaux

Dernier exemple parisien d’église à grand décor de style Art Déco,

St Jean Bosco (75020) a accueilli une quarantaine de personnes

pour une découverte des lieux lors d’une visite guidée

et la présentation du programme de travaux à mener.

Façade latérale de l'église Saint Jean Bosco

La façade nord de l’église Saint-Jean-Bosco (Paris20e)

La décision prise en 1931 de construire l’église Saint-Jean Bosco dans le XXe arrondissement de Paris revient au Cardinal Verdier, fondateur des Chantiers du Cardinal. L’opération avait alors été confiée aux Salésiens, animateurs d’un patronage, situé à la même place, depuis 1921. En 1933, le cardinal bénissait la première pierre et la paroisse était canoniquement érigée en 1938. Elle sera totalement terminée en 1943. Seconde Guerre mondiale oblige !

Une mosaïque du transept avec une représentation des Salésiens et du Cardinal Verdier

Une mosaïque du transept avec une représentation des Salésiens et du Cardinal Verdier

Mais si les Chantiers du Cardinal s’intéressent à cette église aujourd’hui, ce n’est pas uniquement parce qu’ils l’ont financée : c’est parce qu’elle le mérite par sa formidable unité architecturale Art Déco, presque totalement mis en œuvre par Charles Mauméjean, et aussi parce que, malheureusement, elle se dégrade. Il faut la sauver et il revient naturellement aux Chantiers d’y contribuer. D’autant que la paroisse, encore animée par les Salésiens, est particulièrement dynamique et qu’il serait triste de la laisser choir.

Pour exposer la situation, une matinée découverte était organisée le 5 avril 2025.

Jean-Pierre Gaspard, directeur général bénévole des Chantiers, y a rappelé le rôle de cette œuvre de l’Église et la place qu’elle a prise dans la construction du bâtiment, dans lequel le cardinal Verdier est d’ailleurs représenté sur une mosaïque.

Jean-Pierre Gaspard présentant la matinée découverte

Jean-Pierre Gaspard, directeur général bénévole des Chantiers du Cardinal, présentant la matinée de découverte

Christophe Baulinet, diacre, a présenté de son côté la mission des Salésiens, très attachés à l’éducation spirituelle des jeunes d’un quartier dont il s’est plus à souligner la diversité et le dynamisme. Il a ensuite proposé à l’assistance de s’associer à sa belle prière sur les « pierres vivantes » de l’Église. Puis l’assistance s’est divisée en trois groupes pour découvrir, grâce aux explications de trois guides, les merveilles, parfois insoupçonnées, de l’église et pour constater par eux-mêmes les désordres qui l’affectent.

Les visiteurs, répartis en groupes, accompagnés par trois guides ont admiré la beauté et l’originalité de cette église

Les curieux ont même été invités, après avoir pris des forces dans la première église du rez-de-chaussée transformée depuis en crypte puis en salle paroissiale, après la construction de l’église supérieure, à monter au clocher, haut de 53 mètres, pour profiter, sous un ciel parfaitement bleu, d’une vue panoramique fantastique sur Paris. Ici, avec la Tour Eiffel, mais aussi le Cimetière du Père Lachaise, Notre-Notre Dame de Paris…

Vue du haut du clocher de Saint Jean Bosco

Une vue imprenable du haut du clocher à 53 mètres de hauteur

Dans le cadre des visites, Charlotte Langlois, architecte du patrimoine missionnée par le diocèse de Paris sur l’église et une des guides du jour, explique que, contrairement à ce qu’on peut croire, l’église n’est pas en béton ou plutôt que, si elle comporte des éléments structurels en béton, elle est essentiellement en brique enduite de ciment. De même, si l’unité esthétique allant jusqu’au moindre détail, jusqu’aux chaises et poignées de porte des confessionnaux, est frappante, les matériaux ne sont pas toujours homogènes et qu’il convient d’y faire attention pour les reprises ou ragréages.

Style Art Déco des chaises de Saint Jean Bosco

Des chaises en harmonie avec les décors intérieurs de l’église

L’architecte indique par ailleurs que, si l’extérieur de l’église, plutôt en bon état, est aujourd’hui d’une blancheur immaculée, il devrait être en fait d’un ton pierre avec, comme à l’origine, des faux joints tracés à la main. En l’absence de documentation consistante et en couleur laissée par les promoteurs de la construction de l’église, c’est en tout cas ce que révèlent les sondages stratigraphiques. Cela surprend tout le monde.

Mais Charlotte Langlois montre surtout les désordres à l’intérieur de l’édifice. Elle les explique essentiellement par des infiltrations.

Ils concernent principalement les vitraux, coincés entre deux résilles ou claustras de béton armé. Les vitraux souffrent en effet de l’explosion des bétons sous l’effet de la corrosion de leurs fers. Les plombs se tordent. Les eaux pluviales s’insinuent alors dans les vitraux.

Des bétons enserrant les vitraux, en mauvais état

Des bétons enserrant les vitraux, en mauvais état

Des morceaux de béton tombent même sur les tribunes latérales.

Chutes de béton

Des morceaux de claustras récupérés au sol

Des infiltrations d’eau pluviale en provenance des toitures provoquent aussi de nombreuses taches et décollements sur les plafonds.

Un des plafonds dégradés de l'église Saint-Jean-Bosco

Un des plafonds dégradés

De multiples fissures apparaissent ici et là. Seul le faible éclairage dû en partie au dysfonctionnement des luminaires placés dans les élégants coffrages d’époque situés sur les piles, les contrejours et l’abondance des décors qui attirent l’œil les rendent difficiles à repérer.

Une longue fissure verticale dans le transept

Une longue fissure verticale dans le transept

Selon l’architecte, c’est surtout la couverture ondulée de la nef qui doit être changée sans délai. Mais ses prolongations en zinc, fuyardes, ainsi que les toits terrasse en revêtements bituminés doivent aussi être rénovés.

Toiture de l'église Saint-Jean-Bosco

Vue sur les toitures à rénover

Au total cependant, les coûts devraient être considérables en raison des surfaces à traiter, des échafaudages à mettre en place, de la présence d’amiante dans la couverture en fibrociment, de la multiplicité des ragréages à opérer, de la nécessité de tenir compte de la qualité variable des supports et de la délicatesse des opérations de restauration des vitraux.

Le premier objectif est désormais de rendre étanche les couvertures, le traitement de l’intérieur ne pouvant être envisagé que dans un second temps. Pour l’heure, les études doivent se poursuivre pour espérer des travaux sur les toitures en 2026. Mais pour y faire face, il faut des moyens et ils ne sont pas encore tous rassemblés. L’appui des donateurs reste indispensable !

Pascal Beucleur, arrière-petit-neveu du cardinal Verdier

Pascal Beucleur, arrière-petit-neveu du cardinal Verdier

Les visiteurs, donateurs, amis et délégués des Chantiers du Cardinal étaient présents, ainsi que l’équipe des Chantiers du Cardinal. Ils ont admiré la profusion et la richesse de ce décor Art Déco, avec les commentaires nourris des guides. A noter, un hôte de marque parmi les visiteurs invités : l’arrière-petit neveu du cardinal Verdier, Pascal Beucler, à la fois ému et émerveillé par la beauté du lieu. A la fin de la visite un café convivial a été servi dans la crypte, donnant sur un joli jardin ensoleillé, qui fait le bonheur des enfants du patronage de la paroisse St Jean Bosco.

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