Raconter l'histoire des constructions d'églises
Décembre 1931, la naissance du Christ dans la banlieue – en référence à l’ouvrage éponyme du père Lhande sorti en 1927- est concomitante de l’année de création de l’œuvre des Chantiers du Cardinal. Sur la couverture du premier numéro trimestriel, daté de décembre 1931, figure un dessin en noir et blanc représentant une église en construction sur fond d’usine. Une fumée dense s’élève vers le ciel évoquant l’industrialisation. Cette image occupe un tiers de l’image. La publication de 36 pages présente les différents chantiers de construction dans une périphérie parisienne en pleine ébullition. La crise de 29 n’est pas loin et l’imagerie est conforme à l’iconographie de l’époque.
En page 9, on peut lire : « Chrétiens, n’oubliez pas que sur 5 millions d’habitants que compte le diocèse de Paris, 2 millions ne peuvent être évangélisés ». Un encart rappelle la deuxième finalité de la création des Chantiers du Cardinal « Chômage, chômage, chômage. Pour le combattre, ouvrons de nouveaux chantiers d’Églises. Un chantier ouvert, c’est du travail pour près de 30 corporations ouvrières. Souscrivons généreusement pour donner à l’ouvrier du travail et des églises ».
Le comité directeur de l’œuvre est alors prestigieux. La présidente d’honneur est la comtesse de Voguë. Parmi les membres, on compte de nombreuses femmes dont la princesse de Beauveau-Craon, la duchesse de Rohan, la comtesse Vital de Gontaut-Biron…
En 1934, la revue est distribuée à 10 000 abonnés plus les ventes au numéro. Sa couverture change pour prendre la forme d’un médaillon, accueillant le visage d’une figure religieuse, sur fond de couleur uni. Sur ce numéro 9, une sculpture de Vierge à l’enfant. La publication sous cette forme durera jusqu’en 1939. Une photo de « son éminence le cardinal Verdier » le montre posant la première pierre de l’église Saint-Jacques de Montrouge. Celui que la revue appelle « Le semeur d’églises » déclare « Demain, les maisons de pierre seront les maisons de prières et de vie surnaturelle ». Un dossier « fait le point » : Depuis la création de l’œuvre, deux ans ont passé et « 60 chantiers de constructions ont été ouverts ». Pour les financer, des « sermons de charité » ont lieu dans les paroisses parisiennes. L’agenda de ces homélies ainsi que le produit de la quête qui les suit sont détaillés.
Octobre 1939. « L’heure est grave, l’avenir incertain, le monde gémit dans l’inquiétude… », « Le bulletin » continue pourtant à faire état de la poursuite de certains chantiers comme par exemple celui de l’église Sainte-Thérèse à Boulogne-Billancourt. Malgré l’affirmation de son directeur Mgr Touzé « La chère revue continuera à paraître… », donnant rendez-vous à ses lecteurs en 1940, ce numéro 32 sera le dernier de la première vague. Pendant la guerre, la publication s’interrompt pour ne reprendre qu’en…
… Janvier 1950. Le cardinal Jean Verdier est mort le 9 avril 1940. Le cardinal Feltin relance l’action des Chantiers du Cardinal. Après une interruption de 11 ans, « Alléluia, le Christ dans la banlieue ressuscite ! ». Un nouveau numéro 1 de 16 pages est édité.