Présentation du projet
La toiture du presbytère jouxtant l’église Saint-Martin de Sevran était fuyarde ; l’eau coulait dans la chambre du curé ; l’oratoire était affecté par des infiltrations ; les chambres étaient mal isolées ; le chauffage ne fonctionnait plus ; le ballon d’eau chaude était mort ; les réseaux électriques ne comprenaient pas de mise à la terre ; la cuisine était dans un état lamentable et servait de lieu de passage entre l’église et l’accueil de la paroisse ; les équipements sanitaires étaient hors d’âge, un couloir servait de local de reproduction, etc.
Le désastre n’était pas annoncé : il était là.
Cela pouvait-il continuer ? Pour Mgr Pascal Delannoy, évêque du diocèse de Saint-Denis et soucieux d’un minimum de confort pour les pasteurs de l’Église, évidemment pas. Pour lui, il fallait mettre un terme à une situation dégradée qui menaçait sérieusement de s’aggraver. Elle était même arrivée à un tel point que le déménagement des occupants (deux prêtres et un prêtre-étudiant) avait fini par s’imposer.
Mais des moyens financiers importants s’avéraient nécessaires pour rénover sérieusement et complètement le bâtiment construit en 1935 en même temps que les bas-côtés de l’église. Un audit architectural de 2018 avait confirmé le mauvais état général mais estimé sa rénovation complète à 285 000 €. L’enveloppe était même passée à 321 000 € TTC en 2023, compte tenu des aléas. Attendre encore signifiait la poursuite d’une inoccupation regrettable et surtout, à terme, un nouvel alourdissement de la facture de rénovation voire une dégradation irrémédiable du bâti. Le diocèse de Saint-Denis étant trop démuni pour rassembler les fonds à lui tout seul, les Chantiers du Cardinal se devaient de donner une suite favorable à son appel à l’aide. En janvier 2024, ils décidaient d’apporter une importante contribution à la rénovation complète du presbytère sachant qu’étaient écartées les demi-mesures par souci de rationalité ; il fallait tout faire en même temps.
Le projet finalement arrêté ne modifie pas les usages du bâtiment. Celui-ci présentait les usages classiques d’un presbytère, cela devait être le cas à l’issue des travaux. L’opération ne prévoit aucun changement en la matière. Au rez-de-chaussée, on trouvait et on trouvera encore une cuisine, un salon-salle à manger, trois bureaux pour l’accueil, la comptabilité et le secrétariat et un oratoire. L’étage comportera encore, sous les toits, trois chambres pour trois prêtres, chacune disposant d’une salle de bain et d’un WC.
Mais les travaux sont importants. S’agissant de l’extérieur, le projet intègre en premier lieu une rénovation complète de la couverture, à l’identique. Il prévoit de la remplacer par un même bardeau bitumé à l’aspect d’ardoise mais plus léger et isolant, et de refaire les zones en zinc. Toutes les huisseries doivent aussi être remplacées par des ouvrants à double vitrage. Un ravalement doit compléter le tout.
À l’intérieur, sont prévus un changement de chaudière et de ballon d’eau chaude au profit d’un ballon d’eau chaude thermodynamique. Au sol du rez-de-chaussée, doit être posé du carrelage. Dans l’escalier et à l’étage, les sols doivent être revêtus de PVC, facile d’entretien. La plomberie doit aussi être rénovée avant la pose de nouveaux appareils sanitaires. Les salles d’eau doivent bénéficier de nouvelles faïences. La rénovation complète de l’électricité est naturellement programmée : sous plinthe pour les horizontalités et encastrée, après saignées, pour les verticalités. Les tableaux électriques doivent en outre être mis aux normes. Une nouvelle cuisine est prévue. Enfin, toutes les peintures doivent être refaites. Tel est le programme.
Le diocèse a décidé de prendre en charge la couverture et la pose du nouveau ballon d’eau chaude ainsi que la nouvelle chaudière au gaz (travaux estimés à 76 719 € TTC). Restait aux Chantiers du Cardinal à financer le reste. Par mesure d’économie, un bénévole a accepté de suivre le chantier tandis que la maîtrise d’œuvre a été prise en charge directement par la direction du service immobilier du diocèse lui-même.
Sur ces bases, les travaux ont débuté. Trois entreprises ont été sélectionnées : une pour la toiture, une pour les menuiseries alu, l’électricité et la cuisine et une enfin pour les carrelages, les placos, la peinture, le ravalement et les sanitaires.
Compte tenu de la situation, la toiture a bien entendu été déclarée prioritaire.
Le mobilier du presbytère a été tout d’abord stocké dans une des salles paroissiales situées en face, de l’autre côté d’un jardin dominé par un platane planté en 1790, aussi gigantesque que magnifique.
Entre ces salles et le presbytère, le jardin a été transformé en zone de chantier.
Mi-avril 2024, les travaux avaient bien avancés. À l’extérieur, la toiture était largement refaite, les Vélux étaient changés et gouttières étaient neuves.
À l’intérieur, à la même date, les déposes étaient réalisées et les plafonds des chambres, sous les combles, avaient été déjà isolés.
Sont désormais attendus, les changements de toiture en zinc et le remplacement de toutes les huisseries. Doivent suivre les rénovations de la chaufferie, la pose de carrelage au sol, celle de PVC dans l’escalier et au premier étage, l’installation de la cuisine au rez-de-chaussée, les rénovations électriques, la pose de faïences aux murs et les peintures de finition.
Le chantier se déroulant normalement, l’achèvement des travaux est espéré pour fin juin 2024.
Mme Carole Vincent-Sully, paroissienne qui suit le chantier, l’attend avec impatience et rappelle que si chacun aime se sentir bien chez soi, il est normal qu’il en soit de même pour les prêtres. Pour qu’un prêtre s’attache à sa paroisse et à son ministère, il lui faut un minimum de confort, indique-t-elle.
Le Père Trésor Tandy-Rolly, arrivé en 2017 dans la paroisse, est pourtant tellement attaché à son presbytère qu’il lui arrive d’y dormir encore malgré l’inconfort et le chantier. Il utilise en effet parfois, pour être plus près de son église, une des chambres récemment refaite alors qu’il n’y a plus ni eau ni chauffage. On comprend néanmoins qu’il ait hâte que les travaux s’achèvent. Mais il est optimiste. Il l’est tellement qu’il espère, tout sourire, que, dans la foulée, on pourra donner un coup de propre dans ses salles paroissiales qui servent au catéchisme. Autre sujet. Prochaine étape ?
Stéphane Guy