Description du projet
La commune de Santeny (Val-de-Marne), propriétaire de l’église au centre du village, fait actuellement rénover l’édifice datant du XIXe siècle. Un chantier qui porte à la fois sur l’extérieur (clocher et toiture) et l’intérieur. Cette deuxième phase de travaux intègre également le réaménagement de la partie liturgique. La paroisse (affectataire de l’église) est donc directement concernée et consultée par l’architecte, Cyril Boucaud. Les Chantiers du Cardinal sont sollicités à hauteur de 50 000 euros, ils participent à la réalisation d’un nouvel autel et d’un nouvel ambon.
Une église du XIIIe siècle rebâtie en 1880
L’église de Santeny, à une vingtaine de km au Sud de Paris, est fortement liée à l’histoire d’une famille aux origines lyonnaises, et en particulier une bienfaitrice: Amélie Brac de la Perrière. C’est parce que l’édifice originel du XIIIe siècle tombe en ruine qu’elle finance, dès 1879, la construction d’une nouvelle église, sur le même emplacement. Après un an de travaux, la nouvelle église Saint-Germain d’Auxerre est consacrée en 1881. La famille fait bâtir à la même période un presbytère, ainsi que son propre château. « Il s’agit aujourd’hui du gros patrimoine de la commune, souligne Ghislaine de la Perrière, conseillère municipale chargée du patrimoine. Tout cela se ressemble, c’est la même époque, cela fait un bel ensemble. »
Église Saint-Germain de Santeny (Crédit paroisse)
Outre une statue de la Vierge du XIVe siècle, l’église abrite un vitrail racontant l’histoire de saint Nicolas. Une verrière composée vers 1900 à partir des éléments ornant l’église originelle, au XIIIe siècle. « Ce vitrail a une histoire incroyable ! Une partie a disparu quand il a été démonté de la première église… et on l’a retrouvé dans le musée Pitcairn à Bryn Anthyn en Pennsylvanie (USA) ! Évidemment, il n’est jamais revenu… »
Bien visible sur les cartes postales anciennes du village, l’église fait donc partie du patrimoine de la commune. Un patrimoine que l’équipe municipale, fraîchement élue en 2020, avait à cœur de restaurer. Le maire, Vincent Bedu lance donc un plan de rénovation de l’édifice. Il sollicite aussi la paroisse car l’État et l’Église vont devoir travailler – et financer – ensemble le chantier. Le budget total est estimé à 2,5 millions d’euros.
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Ce que finance la commune
L’église étant bâtie avant 1905, elle appartient – selon la loi de séparation de l’Église et l’État – à la commune qui en assure l’entretien et la conservation. « Il faut reprendre tout, précise Ghislaine de la Perrière. On ne se rendait pas compte, mais tout était pourri à l’intérieur du clocher à cause des infiltration. L’intérieur de l’église était extrêmement dégradé aussi à cause des mêmes infiltrations. »
Pendant plusieurs mois, les entreprises ont travaillé sur la réfection de la charpente, la toiture et la rénovation des façades. « La partie concernant le clocher et la couverture est terminée. Il y a eu une très belle bénédiction de la nouvelle croix, remontée sur le clocher il y a quelques semaines. Notre curé, le père Jean-Baptiste Lê est même monté sur l’échafaudage extérieur à 45m pour la bénir ! » Aujourd’hui ne subsistent à l’extérieur que les échafaudages permettant à Isabelle Baudoin, maitre-verrier, de travailler à la restauration et création de vitraux.
Le chantier se concentre désormais à l’intérieur de l’église, fermée aux célébrations. La mairie a fait installer une nouvelle chaudière à gaz et aménage un point d’eau. C’est aussi la commune qui prend aussi en charge la rénovation des peintures et le système d’éclairage. Ce dernier qui sera adapté selon les usages (culte ou évènements culturels organisés dans l’église).
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Ce que finance la paroisse
Le reste de l’aménagement intérieur de l’église est pris en charge par la paroisse de Santeny. Comme le prévoit la loi de 1905, c’est en effet l’affectataire du bâtiment, l’Église, donc la paroisse, qui prend les décisions concernant les installations liturgiques. Et c’est aussi à la paroisse de financer ces travaux. Un travail réalisé en concertation, d’abord parce qu’un seul architecte – Cyril Boucaud – gère tout le projet, ensuite parce que toutes les entités discutent en bonne intelligence. « Tout a été fait dans une grande concertation tant avec la municipalité que la paroisse et le diocèse. Tout se passe bien. » indique Gishlaine de la Perrière qui, en plus de ses fonctions municipales, assure aussi la vice présidence du conseil économique du groupement paroissial.
Esquisse de l’autel pour l’église Saint-Germain de Santeny par Cyril Boucaud (CB)
« Aujourd’hui on est dans la phase financée par les Chantiers du Cardinal. La subvention de 50 000 euros va servir à réaliser un nouvel autel et un nouvel ambon. » Deux parties de mobilier qui ont été validées par l’équipe paroissiale et les membres de la commission d’Art sacré du diocèse de Créteil.
Là encore, la concertation est de mise. Cyril Boucaud, auteur du mobilier, a discuté d’un projet d’aménagement avec des représentants de la paroisse. « Il a proposé à un petit groupe, dont je fais partie, de participer à des ateliers. Nous étions avec Marie-Pierre Etienney (responsable des grands travaux pour le diocèse), Michèle Roblot (architecte) et Lydia Heinrich (coordinatrice de l’espace cathédrale de Créteil), pour étudier ensemble la transformation du mobilier liturgique, avec tout son cheminement concernant la liturgie. C’était très intéressant. » Les paroissiens ont ensuite présenté au reste des fidèles le résultat de leur réflexion. L’occasion en particulier de détailler les raisons de l’installation du baptistère dans l’allée dès l’entrée de l’église.
Une église rénovée à Pâques
Prévue pour Noël 2022, l’ouverture de l’église rénovée ne se fera finalement que pour Pâques, en avril 2023. Comme pour de nombreux chantiers, les difficultés d’approvisionnement en matériaux génèrent des retards en cascade. Entre temps, la mairie aura fait rénover le parvis devant l’église « Il a des marches bombées, ça n’est pas pratique pour les personnes âgées, on va refaire la rampe. » Le délai supplémentaire permettra aussi à l’équipe paroissiale de nettoyer le chemin de croix, pour le moment entreposé au presbytère. « Il est en bon état, mais jamais décroché depuis 1881, il est affreusement poussiéreux » raconte Ghislaine de la Perrière.
[VOIR] Les projets financés dans le diocèse de Créteil
Valérie-Anne Maitre